Notre monde est un océan de cette absurde gifle au désir de l’homme qu’est la souffrance. Elle est devenue notre patrimoine commun. Les médias visuels étalent tellement sous nos yeux des scènes de guerre, de violence, de famine, de pauvreté de toutes sortes, que nous risquons d’en devenir des regardants passifs et indifférents.
Pourtant cette absurdité a acquis un sens chrétien quand Jésus de Nazareth y a plongé jusqu’à la mort la plus ignominieuse. « Dieu, écrit Paul Claudel, n’est pas venu, éliminer la souffrance, mais pour la remplir de sa présence ». C’est par cette présence qu’elle a acquis son sens. Son sens rédempteur d’abord par la mort de Jésus en croix. C’est par cette présence qu’elle révèle une autre « incarnation » de Jésus qui a dit : « Tout ce que vous faites à l’un de ces petits, mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». Ce qui fait de tout homme un Bon Samaritain qui doit s’arrêter auprès de la souffrance de tout autre homme afin d’en prendre soin en y voyant Jésus souffrant. C’est Jésus qui, en nous révélant Dieu comme Père, a fait de nous tous des frères responsables et solidaires les uns des autres, mais surtout de tout homme dans le besoin, peu importe sa culture, sa race ou son appartenance sociale.
Face à la souffrance la compassion sentimentale ne suffit donc pas. « Il faut courir au pauvre come on court au feu », dit S. Vincent de Paul. Courir pour agir, remédier et aider Jésus qui souffre.