La route de Jérusalem

On est étonné d’entendre le tendre Jésus répondre si abruptement à des personnes qui se présentent pour devenir ses disciples. Où est ce Jésus qui a pitié de la veuve de Naïm, celui qui a pitié de la foule affamée, celui qui fréquente surtout la table des méprisés de la société ? Essayons de nous mettre à sa place. C’est un homme qui a durci son visage pour décider de monter à Jérusalem tout en sachant ce que l’y attend. Il n’était pas d’humeur à écouter la mollesse de quelques velléitaires. Il cherchait des disciples prêts à le suivre sur la route de cette tueuse des prophètes qu’était Jérusalem.
Jésus, sentant son départ proche, cherche des personnes qui, comme lui, acceptent librement d’être dépouillés avec lui, de mourir avec lui, d’être ensevelis avec lui afin de ressusciter avec lui. « Cela signifie choisir la confiance radicale, car c’est en fils s’abandonnant au Père qu’il est mort. » C’est donc moins une question d’effort personnel que d’adhésion confiante au mystère de la paternité prévoyante de Dieu.
Jésus ne demande pas d’abord des sacrifices pour le suivre. Il demande d’abord à celui qui veut le suivre de se libérer entièrement de lui-même pour lui faire entière confiance, de se donner totalement à lui, de prendre son Evangile comme sa seule richesse et d’être prêt à tout abandonner si le service de l’Evangile le lui demande.